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Crampons posés sur le continent africain.

La traversée de la Méditerranée s’est effectuée dans le calme et les Suricates en ont profité pour emmagasiner des heures de sommeil avant l’agitation à venir.

En fin de matinée, Alger la Blanche s’est dessinée à l’horizon, cachée sous un épais voile gris et froid ; la pluie a duré aussi longtemps que les formalités d’admission. Puis la pluie s’est ralentie et lentement, les papiers tamponnés furent délivrés un à un, bureau après bureau. Des points de pique-nique se sont organisés sur les haillons des 4×4 entre deux discussions et quatre gouttes.

Un p’tit coin d’parapluie contre un coin d’paradis… le grand Georges semblait nous accompagner vers les différentes autorités portuaires et enfin, coquin de sort, la sortie du port fut effective après six heures de procédures, lâchant les sentinelles du désert dans la circulation agitée d’ Alger. L’hôtel Holiday Inn, sur les hauteurs a accueilli cette première soirée.

Demain, c’est une liaison routière qui nous dirigera vers le sud, jusqu’à Laghouat. On nous a promis que le soleil serait au rendez-vous.

Ce matin, le départ d’Alger a été différé d’une heure et les Suricates frétillaient d’impatience lorsque les autorités nous ont imposé le roulage en convoi pour sortir de la province, impliquant de nombreux arrêts. À 10 h, seulement 40 km étaient parcourus sur les 400 au programme. Et la pluie s’incrustait encore, en grosses averses.

Puis l’escorte nous a laissé progresser vers le sud et en franchissant les gorges de la Chifa où serpente le Ruisseau des Singes, des familles entières de Magots curieux regardaient passer les Suricates. En approche de Médéa, entre deux chapelets d’épais brouillard, les cols enneigés des sommets de l’Atlas Tellien se laissaient découvrir. Les thermomètres affichaient seulement un petit degré et les gouttes de pluie ressemblaient fort à des flocons.

La liaison s’est poursuivie sur la Transsaharienne, autoroute en voie d’achèvement, coupant les hauts plateaux de l’Atlas Saharien, à 1200 m d’altitude. C’est juste avant Djelfa que les premiers dromadaires ont été aperçus ainsi que de grands troupeaux de moutons.

L’arrivée sur Laghouat fut couronnée par l’enthousiasme d’un public fourni, admiratif et passionné. Les prises de photos de sont succédées dans une ambiance électrique et festive. L’accueil algérien est chaleureux et amical, les saluts et les propositions d’aide sont spontannés.
Le road-book démarre demain pour la première étape comptant pour le classement. Le départ sera donné à 9h après une parade en ville depuis le parking de l’Université.

Nous remercions Monsieur le Walli, les élus et les représentants officiels qui seront présents ainsi que les journalistes et la télévision qui vont relayer l’événement afin que ce premier raid Suricates soit salué et retransmis avec panache.

La gazette essaiera de s’infiltrer sur la ligne de départ… Je vous raconterai.

Etape 2 : Laghouat / Seb Seb

Mardi matin, le parc coureur piaffait d’impatience, chacun tapant de la semelle pour tenter de se réchauffer. Des spectateurs admiratifs, de nombreux curieux, un encadrement policier et une délégation officielle se sont pressés autour des participants. Yves, Jean-Jacques et Laurent étaient entourés du Walli de la province de Laghouat pour agiter le drapeau à damier et libérer les pilotes.

La première partie de l’étape s’est révélée plutôt roulante et les concurrents ont rapidement pointé au CP1 où une surprise les attendait : un public enthousiaste, en costume traditionnel avait spécialement organisé une Fantasia colorée pour accueillir le raid. Plus de cinquante personnes accompagnées des représentants communaux ont fêté les Suricates avec chaleur. Des salves de tir de poudre et des cavalcades de chevaux ont ponctué la représentation et les autorités ont remis un diplôme à Jean-Jacques, attestant qu’il avait participé à la Fantasia. Le CP offrait une collation aux participants et nos hôtes l’ont agrémenté de café, thé à la menthe et pâtisseries aussi diverses que succulentes. Un bel exemple de l’accueil chaleureux dont le public algérien nous gratifie.

Le reste de l’itinéraire serpentait dans la région des Daias, avec une pause où les pilotes ont récupéré un panier repas avant de poursuivre plein sud, au-delà de Ghardaia, jusqu’au campement Haddar à Seb Seb où, à nouveau l’accueil algérien n’était pas que des mots.

Plusieurs malchanceux ont rencontré des attaques mécaniques et malheureusement, la poursuite du classement est compromise pour certains.

Mais au soir de cette première étape, les Suricates ont fait place à la fête avec un buffet de spécialités locales et le début des bivouacs où l’atmosphère est si particulière. La soirée s’est terminée autour du traditionnel feu de camp, le ciel était dégagé, un petit bizet nous poussait à cumuler polaires et parkas mais, à n’en pas douter, l’ambiance fut chaleureuse, la tête dans les étoiles sahariennes.

Etape 2, Seb Seb / El Menea

Le départ a été donné devant le campement Haddar où l’accueil fut des plus sympathiques. Dès les premiers kilomètres, tout le monde a compris que l’ennemi du jour serait le vent. Vent et sable ne faisant pas bon ménage, la journée fut éprouvante.

Devant la force des éléments le CP café a eu beaucoup de mal à chauffer l’eau, les Oscars ont finalement adopté la méthode locale : un bidon, des feuilles de palmier et un grand feu sous la marmite. L’itinéraire s’est ensuite offert les premières dunes, petites et mignonnes au début, un peu plus musclées aux abords du CP 1 où le ravitaillement fut cumulé pour les réservoirs et les estomacs.

Mais vraiment, le vent de sable n’incitait pas au pique-nique et les sandwichs croustillaient. La progression s’est poursuivie dans les bosses dunaires, les waypoints recentraient bien sur l’axe principal mais ceux qui s’en écartaient ont dû sortir les jouets. Pelles et sangles en ont occupé quelques-uns. Des soucis mécaniques ont nécessité le remorquage sur barre de traction d’un 4×4 malchanceux et le pointage d’arrivée s’est fait très tardivement pour l’équipe de fermeture.

Heureusement, la nuit au confortable hôtel El Boustène a requinqué tout le monde.

Petite devinette du jour :

Comment peut-on mettre un dromadaire dans un 4×4, en trois mouvements ?

J’attends vos propositions, la réponse (parce que oui, c’est possible !) sera donnée ce soir.

La réponse ?
Eh bien, c’est très simple,

  • vous ouvrez la porte du 4×4
  • vous mettez le dromadaire à l’intérieur
  • vous refermez la porte du 4×4

Bon, une deuxième pour vous rattraper :

Comment peut-on faire entrer une gazelle dans un 4×4, en quatre mouvements ?

Vous pouvez exprimer votre réponse dans les commentaires. Merci à tous les participants.

Pour rentrer une gazelle dans un 4×4 en quatre mouvement, c’est très simple :

  • vous ouvrez la porte du 4×4
  • vous sortez le dromadaire
  • vous mettez la gazelle à l’intérieur
  • vous refermez la porte du 4×4

Je vous propose une petite dernière :

Les Suricates organisent une grande fête à laquelle ils convient tous les animaux du désert. Avec enthousiasme et bonne humeur, les animaux sont tous au rendez-vous, sauf un, lequel ?

Et bien,

Tous les animaux du désert viennent à la grande fête des Suricates, sauf … la gazelle. Elle était restée enfermée dans le 4×4 !

Eric, motard numéro 222, fidèle concurrent de nombreux raids tel que le Passion Désert, envoie un petit coucou et de gros bisous à toute sa famille.

Etape 3, Boucle El Menea

Le départ d’étape a été légèrement retardé car les CP ont mis du temps à se rendre sur site et prendre position. Le ciel est enfin d’un bleu Gauloise, le vent est plus raisonnable et les premiers motards ont avalé le parcours en trois heures. Au retour, les pilotes avaient la mine réjouie, ils se sont régalés, la partie s’est révélée un peu plus ardue pour les 4×4 mais l’enchainement des 100 km de dunes n’a pas posé de problème. Le vent était présent au bas des cordons, au niveau des CP mais la traversée de l’erg était plutôt épargnée. Tous les concurrents  ont apprécié cette belle séance de pilotage au creux de l’immense bac à sable qu’est le Sahara Algérien.  On déplore malgré tout quelques malchanceux dont les mécaniques sont aux soins intensifs dans le bloc chirurgical des mécanos.

L’étape s’est terminée assez tôt, offrant à tous un peu de disponibilité pour se balader dans El Menea où les services d’encadrement sont déployés. Un joli souk aux étals chargés de fruits, légumes et toutes sortes d’équipement ainsi que les petits commerces et cafés ont vus les Suricates flâner et déambuler, gouttant les produits locaux, pâtisseries et thé à la menthe n’étant pas oubliés.

Ce soir, un apéritif est préparé par l’organisation, entre le camion atelier et le parc coureur. Les Suricates salueront le désert. Demain, le raid descend sud-ouest, jusqu’à Timimoun.

Je remercie chaleureusement les nombreux lecteurs qui nous suivent, envoient des commentaires ou des mails, je transmets vos bonjours et vos bisous, les pilotes sont réjouis de votre soutien.

Les Suricates se sont dirigés vers le sud du Grand Erg Occidental, à travers des cordons de dunes et un défilé de paysages désertiques. Un tronçon de 53 km nécessitait une navigation au cap et regroupait tout le monde sur un CP de ravitaillement à mi-parcours. La dernière partie de l’étape a proposé une alternance de pistes et de plateaux roulants avant une arrivée à Timimoum, le point le plus au sud du tracé où la température affichait enfin les 25 °c.

Quelques soucis mécaniques sont à déplorer, les mécanos de l’orga font le maximum et les deux camions ateliers sont en effervescence.

Le luxueux hôtel Gourara nous accueille ce soir, nous offrant une vue magnifique sur l’immense palmeraie, baignée par des résurgences de sources qui prennent l’allure d’un oued ondoyant au pied d’un immense cordon de dunes. Le coucher de soleil était féérique, Timimoun est vraiment un site exceptionnel. Des journalistes et caméraman de la chaine de télévision nationale ont procédé à des interviews filmés de plusieurs Suricates, la petite Gazette est passée au micro !

La cinquième étape a quitté Timimoum en surplombant sa magnifique palmeraie mais le fait le plus insolite de cette journée fut la progression à vive allure au milieu des dunes. Oui oui, à très vive allure même. Comment peut-on rouler aussi vite dans un erg ? Tout simplement parce qu’une route au bitume quasiment irréprochable serpente dans toute la zone, traversant plusieurs petits villages où les Suricates ont été applaudis avec enthousiasme et ferveur. Au total, presque 400 km avec des cordons de dunes tous azimuts. Le soleil est là, chaleur dans la journée et nuits à 0 °. L’étape se terminait à Benni Abbès, dans un bivouac monté au pied des dunes.

Une grande partie des équipages de l’organisation (dont la gazette, d’où l’absence d’article hier soir) a dû enchaîner avec le tracé de l’étape 6 afin d’aller se positionner sur l’itinéraire et disséminer des CP tout au long de cette grande journée 100% sable. Une cuvette très molle au fech-fech piégeux nous a occupés un bon moment, nous faisant perdre un temps précieux et a nécessité d’improviser un bivouac à la tombée de la nuit. Aux premières lueurs de l’aube, l’orga s’est déployée et les postes ont été assurés sans problème.

Au campement, le départ avait été donné à 8 h 30 et tous les pilotes ont eu le plaisir d’enrouler 90 km de dunes aux courbes parfaites. Trois étourdis, les motards 206, 207 et 208 ont validé le mauvais itinéraire et ont effectué 40 km en sens inverse avant de revenir sur le bon tracé et d’enchaîner. Bravo !

Félicitations également à l’équipage d’orga, Serge et Loïck, aux commandes du camion Mercedes 1936AK, qui ont assuré le CP1 et parcouru ensuite toute le tracé de sable.

Ce soir, les traits sont tirés, la fatigue se fait sentir, les visages sont cuits par le soleil, le vent et le sable.

Demain, l’étape est plus roulante et le pilotage varié. L’arrivée se fera aux sources chaudes d’Aïn Ouarka où un bivouac sera monté, et l’étape suivante finira au site magnifique de Brezina, en bivouac également ; la connexion étant incertaine, la gazette risque d’être muette mais ne vous inquiétez pas, tout le monde va bien et les pensées vont vers les absents. Vos messages sont transmis, chaque soir au briefing, merci pour votre suivi et vos commentaires.

Toutes mes excuses, la gazette est restée silencieuse pour cause de désert, d’arrivées tardives et départs matinaux.

L’étape 7 a longtemps cheminé entre les stries du djebel Tanout, à l’ouest du grand erg occidental avant un final routier entre les gorges Moghar-Tahtani et l’arrivée sur les berges du lac Aïn Ouarka. Au-delà du campement, un défilé de petits monts offrait un camaïeu de couleur surplombant la vallée. Le bivouac fut venté et froid, beaucoup se sont rabattus vers les bungalow du village thermal.

Hier, l’étape 8 jouait encore sur les pistes du djebel Tanout, tout près de la frontière marocaine. Juste avant le CP café, les premiers concurrents ont pu découvrir, au détour d’un virage, une chamelle et son petit, visiblement âgé de quelques heures. La journée s’est déroulée sur le rythme rapide de plateaux roulants, au sud de Sidi Cheikh. En toute fin de parcours, le CP 2 pointait avant l’entrée au cœur d’un petit erg aux bosses attirantes. Tout le monde s’est regroupé sur le site magique de Brezina, dont la beauté attire le regard depuis des kilomètres à la ronde. La soirée fut joyeuse, réunissant des Suricates taquins autour de Yves pour fêter son anniversaire. Revêtu d’un chèche et d’un burnous, Yves a dû faire un tour à dos de dromadaire avant danses et musiques traditionnelles autour d’un feu de camp.

Et aujourd’hui, la dernière étape a quitté Brezina après une aurore lumineuse sur le site aux ocres dentelés. Le tracé sillonnait des plateaux roulants et serpentait à travers des champs de blé et des pâtures de vaches, de moutons et de chèvres. Les derniers dromadaires sahariens ont salué les Suricates de leur regard fier et de leur démarche chaloupée.

L’arrivée est en cours d’achèvement et ce soir, la remise des prix clôturera cette première édition du raid Suricates.

La gazette vous donnera des nouvelles demain, une liaison routière nous amènera jusqu’à Oran. Certains concurrents réintègreront les véhicules de l’organisation, d’autres gardent leur guidon ou volant et d’autres encore prendront le bus puis l’avion.

Je n’avais pas participé aux reconnaissances de ce premier raid Suricates et c’est Michel qui avait nourri la traditionnelle gazette. Il vient de me confier un article rédigé d’un seul jet, confiant son ressenti sur le raid. Je vous le transmets dans son intégralité mais avant, je me permets d’ajouter quelques infos sur les derniers jours. Tout d’abord, recevez mes excuses pour l’interruption des publications : panne d’ordinateur, wifi capricieux, connexions aléatoires ont perturbé la gazette ; le tout avec une tempête en Méditerranée interdisant toute navigation et nous bloquant au port d’Oran pendant deux jours. Compliqué. Bon, tout finit par s’arranger et là, à midi, les Suricates sont en voie d’embarquement sur le Tissali et appareillage pour Marseille dans une heure environ.

Place aux mots de Michel :

« Jean-Louis Aubert chantait : Voilà, c’est fini . C’est le cas du premier raid Suricates en Algérie. Les moteurs se sont tus. Les traces que vous avez laissées dans les dunes ont été recouvertes par le vent qui a rempli de sable les dessins de vos pneus. La poussière que vous avez soulevée est retombée lentement comme une nappe que l’on lance au-dessus d’une table. Les cailloux que vous avez déplacés sont dans une nouvelle posture en attendant le passage d’un prochain véhicule. Maintenant, un voyage c’est comme un repas, il faut le digérer. Il faut qu’il se décante. Que les mauvais souvenirs descendent dans les oubliettes et que peu à peu remontent les bons moments, se gravant dans le disque dur de notre mémoire. La gestation de ce raid fut longue et difficile, l’accouchement s’est fait aux forceps. Nous avons été à deux doigts de la césarienne mais le premier raid Suricates, maintenant bien vivant, aura peut-être de nombreux et joyeux descendants. Si ce n’est pas le cas, vous pourrez dire : Il n’y a eu qu’un seul Suricates et … j’y étais ! »

Merci Michel pour ton témoignage et tes prises de notes, précieuses, qui on donné vie à la gazette des reconnaissances et au carnet de route du premier Suricates.

L’organisation PSO tient à remercier tous les concurrents pour leur fair play, les autorités algériennes pour leur soutien et l’encadrement sécurisé dont nous avons bénéficié et surtout, nous réservons un grand merci aux Algériens pour leur accueil chaleureux et amical.

Les Suricates ont découvert l’Algérie et assurément, ils reviendront.

Au soir de la dernière étape, à l’arrivée à Laghouat, les motos, quads et SSV étaient chargés sur les remorques et attiraient un public enthousiaste et amical.

Un père et ses deux filles sont venus vers nous, curieux de comprendre nos motivations et notre ressenti face à la découverte de leur pays. Une longue discussion s’est amorcée spontanément, les deux jeunes filles, l’une en terminale, l’autre en seconde, posaient des questions très pertinentes sur le déroulement du raid, du rallye comme les gens disent et nous nous sommes efforcés de transmettre le maximum d’informations. Les pages de légende de notre road-book ont été offertes ainsi qu’un carnet de route, en échange de sourires et de point de vue sur les études et la vie en général.

Comme promis, nous envoyons un chaleureux message d’encouragement à la curiosité et à la communication à Chiraz et Elissa, nos deux amies de Laghouat et à leur papa qui aurait souhaité amener ses deux autres enfants vers nous. Merci pour cette belle rencontre.

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